Histoire d'une oeuvre / "Le Cri" - Edvard Munch - 1893
Le Cri
Edvard Munch – 1893
Technique – Tempera sur carton (une des cinq versions)
Dimensions :
Galerie Nationale d’Oslo (Norvège) – Nasjonalgalleriet, Oslo
Le tableau (plutôt les tableaux)
Voici un tableau connu mondialement. L’expression du personnage central a donné lieu à des explications multiples qui ont encore des échos pour l’humain d’aujourd’hui.
Le Cri (Skrik en norvégien) est une œuvre qualifiée d’expressionniste. Edvard Munch, son auteur, est norvégien. Ce tableau existe en cinq versions dont trois à la peinture, une au pastel et une autre en lithographie.
Edvard Munch exécuta donc cinq versions de son œuvre majeure. La plus célèbre est la tempera sur carton.
Le terme tempera ou tempéra ou bien encore tempura (du latin : temperare, « détremper ») désigne une technique de peinture basée sur une émulsion, qu'elle soit grasse ou maigre : peinture « a tempera ». Pour préciser la nature de l'émulsion, on énonce simplement les composants : tempera à l'œuf, tempera grasse à la colle de peau, etc.
La version tempera du Cri de Munch se trouve au Musée Munch d’Oslo. Elle mesure
Une troisième version est une propriété du musée Munch.
Quant à la quatrième, elle appartenait au milliardaire norvégien Petter Olsen avant qu’elle ne soit vendue le 2 mai 2012 à un acheteur anonyme pour la somme rondelette de 119,92 millions de dollars (soit environ 102 millions d’euros). C’est un record qui dépasse le « Nu au plateau de sculpteur » de Picasso (106,5 millions de dollars).
La cinquième version du Cri est une lithographie de 1895 qui est exposée à Berlin.
Le paysage en arrière-plan représente le fjord d’Oslo, vu d’Ekeberg.
Symbolique et interprétation
Cette œuvre est donc classée comme expressionniste.
En réaction à l’impressionnisme, l’expressionisme est un courant artistique et pictural (né en Allemagne en 1905) qui se veut antinaturaliste et qui cherche à explorer les méandres de l’âme humaine avec une fascination particulière pour la mort, pour les complications de l’esprit dans des paysages angoissants avec des visages torturés.
La vie d’Edvard Munch peut expliquer en partie ce parcours artistique puisque le jeune enfant né en 1863 à Loten, a vu dés l’âge de 5 ans, sa mère et sa sœur mourir de la tuberculose. Et très tôt, il explorera, par le dessin, les faces les plus sombres de l’existence et la solitude humaine.
Le Cri symbolise l’angoisse existentielle de l’homme moderne, la difficulté de se trouver une place dans le monde contemporain. Ce cri tragique a été poussé dans la société scandinave, conformiste, puritaine et bourgeoise de la fin du XIXème siècle.
Si le tableau marque encore les esprits au XXIème siècle, c’est que la question qu’il aborde est encore d’actualité, autrement, dans des sociétés où la machine prend de plus en plus de place, où la place de l’humain est remise en question, autant dans ses rapports au travail que dans ses liens avec ses congénères. La question de l’oppression en opposition à la liberté de l’être prend son sens autant dans les sociétés d’hier que dans celles d’aujourd’hui.
En ce sens, entre autres, le tableau n’a rien perdu de sa modernité. On pourrait même dire qu’il est intemporel.
Quelques mots de Munch
Le 22 janvier 1892, Edvard Munch a écrit ses quelques mots qui donnent un éclairage plus précis sur son œuvre :
« Je me promenais sur un sentier avec deux amis – le soleil se couchait – tout à coup le ciel devint rouge sang. Je m’arrêtai, fatigué, et m’appuyai sur une clôture – il y avait du sang et des langues de feu au-dessus du fjord bleu-noir de la ville – mes amis continuèrent, et j’y restai, tremblant d’anxiété – je sentais un cri infini qui passait à travers l’univers et qui déchirait la nature. »
Contexte de l’époque
Un professeur d’astrophysique du Texas a analysé le rouge flamboyant de ce coucher de soleil. D’après lui, il aurait été vraisemblablement provoqué par les cendres émises lors de l’éruption du volcan Krakatoa en 1883, un volcan indonésien en forme d’archipel, situé dans le détroit de la Sonde entre Sumatra et Java. Ses études tendraient à montrer des liens de date entre ce phénomène naturel et les impressions exprimées de Munch.
Par ailleurs, on peut remarquer de grandes ressemblances du personnage central du tableau avec une momie chachapoyas du Pérou. L’historien d’art, Robert Rosenblum, rappelle que Munch aurait découvert cette momie lors d’une exposition à Paris et aurait pu s’en inspirer pour la première version de son Cri. Cette momie a aussi servi d’inspiration pour Paul Gauguin.
Vol du Cri
Le tableau sera volé le 12 février 1994. Trois mois plus tard il est proposé au gouvernement norvégien contre une rançon de 1,2 million de dollars. L’offre est refusée. Finalement, il sera retrouvé le 7 mai 1994 lors d’une descente de la police norvégienne en collaboration avec la police britannique et le Getty Center (musée du milliardaire Jean-Paul Getty, situé à Brentwood, Los Angeles. Jean Paul Getty a fait fortune dans l’exploitation du pétrole avant de créer sa fondation artistique, la Fondation Getty et son musée doté d’un fonds de fonctionnement de 700 millions de dollars).
Les responsables de ce vol seront condamnés en août 2004 à des peines de prison allant de 5 à 10 ans. L’un d’entre eux est mort d’une surdose d’héroïne en 2006.
Influence du Cri dans la peinture contemporaine
Le peintre islandais Erro (de son vrai nom, Guðmundur Guðmundsson) a fait plusieurs détournements de tableaux célèbres dont celui d‘Edvard Munch le Cri en 1967.
Le personnage de Ghostface dans les films d’horreur Scream présente un masque inspiré du cri de Munch.
Même la série télévisée Les Simpson montre à plusieurs reprises le tableau, surtout en parodie.
On retrouve même le Cri dans un album récent d'Astérix
On retrouve Le Cri dans le Street Art comme ici en Allemagne
"Condamné à l'agonie" - Graffiti librement inspiré du tableau de Munch près d'une voie de chemin de fer entre Sehnde et Lehrte (Allemagne)
Le Cri se retrouve aussi dans la musique avec la célèbre image du l'album et du film The Wall des Pink Floyd
Même la nature dans des ressemblances aléatoires nous parle du Cri, comme cet arbre photographié au début des années 2000.
En fait, cette œuvre reconnaissable de tous a été moult fois détournée ou parodiée, montrant par là même son actualité toujours présente. Si, dans le détail, chaque interprétation des détournements ou parodies peut être différente, dans le fond, cela repose toujours la même question existentielle de la place de l’humain sur notre planète.
Voici donc une œuvre qui peut être à la source d’une multitude de réflexion, de débats et de questionnement sur l’avenir de l’homme.
Autres parodies
Version Mickey
Version Le Chat
Version Joker
Version Minion
Version Tintin et Milou
Et pour les petits et mêmes les grands enfants, même s'ils sont adultes, le coloriage à imprimer
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