Oeuvres d'art du XVIIème siècle (17ème siècle)
Oeuvres d'art du XVIIème siècle (17ème siècle)
Histoire d'une oeuvre / "La jeune Fille à la Perle" de Johannes Vermeer - 1665
LA JEUNE FILLE à la PERLE
(Meisje met de parel)
Tableau de Johannes Vermeer, vers 1665
Huile sur toile –
Exposé au Musée Mauritshuis à Den Haag (La Haye)
Ce célèbre tableau de Vermeer présente le buste d’une jeune femme anonyme. Certains spécialistes pensent qu’il s’agit d’une des filles de Vermeer. Elle porte une perle à l’oreille, aussi un turban sur la tête.
Le sujet et sa composition ont fait dire de cette œuvre qu’il s’agit de la « Joconde du Nord » tant elle est proche du tableau de Léonard de Vinci.
« La Jeune Fille à la Perle » appartient au genre Tronies, du mot néerlandais qui signifie visage, un genre distinctif de la période de l’âge d’or de la peinture néerlandaise dans les provinces unies au milieu du XVIIème siècle (1600-1700). Ce fut une période exceptionnelle pour sa riche production picturale. Cela a duré des années 1620 jusqu’à l’invasion française de 1672, lors de la guerre de Hollande. La peinture de cette époque sera profondément influencée par ces évènements. Outre Vermeer, d’autres peintres ont marqué leur époque : Gerard ter Borch, Ferdinand Bol, Frans Hals et surtout Rembrandt.
Actuellement, ce tableau est considéré comme un chef d’œuvre inestimable par la qualité de sa composition et l’atmosphère si particulière qu’il dégage.
Il semblerait que le tableau soit une commande d’un des clients et protecteurs du peintre, soit le boulanger Hendrick Van Buyten, soit un riche percepteur Pieter Van Ruijven.
« La Jeune Fille à la Perle » a d’abord été acquis par ce dernier. Son beau-père l’aurait vendu aux enchères à Amsterdam le 16 mai 1696 lors de la succession de l’imprimeur de Delft, Jacob Dissius. Le tableau appartenait à un lot numéroté 38, 39 et 40. La vente a commencé à 17 florins pour l’œuvre de Vermeer.
Il est ensuite passé entre les mains de notables de Delft avant de tomber dans l’oubli pendant deux siècles.
Un homme politique du début du XXème siècle, Victor de Stuers, découvre cette œuvre non signée et pense qu’il s’agit d’une œuvre de Vermeer. Il en parle à son ami collectionneur Arnoldus Andries des Tombe qui l’achète aux enchères pour quelques florins. L’hypothèse se révèle juste. Il s’agit bien d’un tableau de Vermeer. Le nettoyage de la toile fait apparaître le nom du peintre. En 1881, Des Tombe prête l’œuvre au musée Mauritshuis avant de lui léguer à sa mort en décembre 1902. Le tableau y est toujours conservé. C’en est d’ailleurs une pièce maîtresse.
Musée Mauritshuis à Den Haag (La Haye), Pays-Bas
En 1994, « La jeune Fille à la Perle » a été restaurée. Cela a permis de d’apprécier davantage la qualité de cette œuvre et de mieux comprendre la technique employée par Vermeer. La restauration de la Jeune Fille à la Perle en
C’est un tableau presque carré (
La jeune femme est une adolescente ou une très jeune femme dont on ne voit que le buste. Le fond du tableau est d’un noir uniforme. Par sa position avec des épaules tournées vers la gauche, on découvre d’elle son visage au trois-quarts avec ses yeux qui fixent le spectateur. La position de ses lèvres semble indiquer qu’elle nous dit quelque chose ou qu’elle va nous le dire. La sensualité des lèvres rouges laisse supposer qu’elle va nous dire un secret. C’est sans doute cet aspect du lien intime entre la jeune femme et le spectateur qui donne au tableau cette atmosphère si particulière.
Elle porte un turban bleu outremer et blanc, surmonté d’un tissu jaune qui descend dans le dos. Ce côté exotique a fait que le tableau a longtemps été appelé « La jeune Fille au Turban ». La perle qui donne maintenant son nom officiel au tableau est d’une nature que les spécialistes discutent encore.
La jeune femme semble porter une veste épaisse avec peu de plis. Elle est de couleur ocre foncé qu’un col blanc rehausse en partie.
Le tableau est éclairé par une source lumineuse venant de la gauche. Cette lumière blanche éclaire le visage presque de face. Le positionnement de celui-ci permet un jeu d’ombres élaboré qui trouve son point d’orgue dans le reflet scintillant de la perle.
Reflet scintillant de la perle
Aucune date n’est indiquée sur le tableau. Mais de l’avis général des chercheurs, on estime qu’il a été réalisé entre 1664 et 1667.
Au départ, il n’avait pas de nom. On l’appelait simplement Tronie du nom du genre de peinture très en vogue à cette époque. Puis la découverte par le collectionneur Arnoldus Andries des Tombe va modifier la donne :
En 1908, il est appelé « La jeune Fille » ou « Tête de jeune Fille » (« Head of a girl » en 1952). Après la seconde Guerre Mondiale, on le désigne avec l’idée du turban (« Jeune Fille au Turban » en 1952 aussi et en 1974). Ce n’est qu’après 1970 que petit à petit s’imposera le titre « la Jeune Fille à la Perle », surtout en raison de l’énorme succès du roman de Tracy Chevalier qui porte ce nom et dont le sujet est justement le tableau de Vermeer. Ce roman sera traduit en français en 2000.
En 1995, le Mauritshuis lui-même appelle le tableau « La jeune Fille à la Perle ».
Détail de La Jeune Fille à la perle permettant de voir le point clair qui apparaît après la restauration de 1994.
Le même détail avant restauration.
On ne sait pas avec certitude qui est la jeune fille qui sert de modèle à Vermeer. Une servante de la famille ? Une des filles du peintre ? Même si la plupart des spécialistes pensent qu’ils s’agit d’une des filles du peintre, Maria ou Elisabeth (Lijsbeth), en fin de compte, on considère que ce débat n’a pas beaucoup d’importance tant le tableau est d’abord marquant parce que le portrait n’a pas pour but de représenter quelqu’un en particulier mais surtout un personnage portant un vêtement exotique dans l’art du tronie.
Ce tableau a eu des répercussions au XXème et XXIème siècle d'autant plus qu’il a inspiré un roman devenu best-seller. L'écrivain Tracey Chevalier a imaginé les circonstances de la réalisation de ce tableau. Passionnée de Vermeer, elle a cherché à comprendre ce qui se cachait dans le mouvement des lèvres de la jeune femme, ce qu'elle cherchait à dire. C'est ce qui générer l'écriture du livre.
Résumé d'après Wikipédia "En 1664, Griet, jeune fille curieuse et timide issue d'une famille pauvre de Delft, est engagée comme servante dans la maison de Johannes Vermeer pour s'occuper des six enfants de la famille et surtout pour faire le ménage dans l'atelier du peintre. Celui-ci, sentant le potentiel artistique qui se dégage de la jeune fille, lui fait découvrir petit à petit les rudiments de l'art qu'il exerce. Leur proximité va entraîner de nombreuses tensions au sein de la maison des Vermeer, ainsi que des rumeurs qui vont rapidement se propager en ville."
Un film avec Colin Firth et Scarlett Johansson a été tiré du roman. On retrouve une similitude troublante entre la jeune femme du tableau et Scarlett Johansson.
Bande-annonce du film
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Le MANNEKEN PIS à Bruxelles
C'est l'une des statues les plus célèbres de la planète. Chaque touriste qui se respecte, de passage à Bruxelles, va photographier le Manneken Pis, comme à Paris on va voir la Tour Eiffel ou à Berlin la Porte de Brandebourg.
Berlin / Porte de Brandebourg
Le Manneken Pis, c'est "le môme qui pisse" en dialecte bruxellois. Il est situé à l'angle des rues de l'Etuve et du Chêne. On peut se poser la question de savoir qui a eu cette idée bizarre, au début du XVIIème siècle, de faire uriner un gamin dans une fontaine dont le but était de fournir de l'eau potable aux gens du quartier. Paradoxalement, ce sont les autorités de la ville !
Elles commandèrent cette statue en bronze en 1619 au sculpteur bruxellois Jérôme Duquesnoy l'ancien. Celui-ci a choisi de représenter un petit gamin en train de faire ses besoins naturels. S'il l'a fait, c'est parce qu'auparavant, se trouvait au même endroit une autre statue, en pierre celle-ci, représentant un petit garçon dans la même position. D'après des documents de 1388, on appelait cet enfant : "Petit Julien"
Dans un autre texte de 1452, ce gamin de pierre est déjà appelé Manneken Pis. Quoiqu'il en soit, l'enfant en bronze urinant de Jérôme Duquesnoy plut tellement aux habitants de Bruxelles qu'il devint le symbole de leur liberté de penser.
Ce personnage est même devenu un héros dont les légendes fleurissent. On raconte qu'il a sauvé la ville en urinant sur une méche de bombe, évitant ainsi une explosion.
On parle aussi d'un enfant pissant sur le carrosse d'un roi à son passage. Ou également l'histoire de ce gamin ensorcelé après avoir uriné sur la porte d'une sorcière.
Le Manneken Pis de nos jours
Au-delà de ces légendes et histoires imaginaires, il existe aussi les histoires réelles du Manneken Pis. Les Anglais ont voulu s'en emparer en 1745, mais n'ont pas réussi. Deux ans plus tard, ce fut au tour d'un soldat français. En 1817, quelqu'un a pourtant réussi à le dérober. C'était un forçat évadé. Il l'a même endommagé.
Depuis, pour éviter que se renouvellent ces mésaventures. L'original serait à l'abri à la Maison du Roi.
Désolé, Mesdames et Messieurs les touristes. Sur vos clichés de Bruxelles, vous n'avez qu'une copie du Manneken Pis ! Au moins, celle-là est en bonne état. Et la liberté de penser bruxelloise ne doit pas en être bouleversée.
"Manneken pis, l'enfant qui pleut" par asblCinergie
Manneken Pis par Anne Lévy-Morelle par asblCinergie
Portrait dans Bruxelles de Anne Lévy-Morelle par asblCinergie
Histoire d'une oeuvre / "La Laitière" de Jan Vermeer - vers 1658
Histoire d'une oeuvre
Johannes Vermeer "La Laitière"
(vers 1658)
Huile sur toile (45,5 x 41 cm)
exposé au Rijksmuseum à Amsterdam
Vous connaissez tous ce tableau célèbre de Johannes Vermeer (1632-1675). Une marque de yaourt l'a même utilisé pour son emballage.
Le tableau nous montre un intérieur dépouillé du XVIIème siècle, une jeune femme est toute attentive à verser le lait d'un pichet dans un bol. Le fait qu'elle soit très concentrée sur sa tâche apporte à la scène une grande tranquillité. Dans une atmosphère intimiste, le temps semble suspendu à l'image du lait qui coule lentement en petit filet vers le bol.
Johannes Vermeer donne du volume et de l'importance à une simple scène domestique par l'observation fine de la vie quotidienne. Chaque détail y est traité avec une grande attention, avec beaucoup de méticolosité. On le voit entre autres par ce clou dans le mur au-dessus de la tête de la laitière ou par les tâches sur la chaux. Cela donne un grand réalisme à la scène.
Vermeer était aussi un grand maître dans l'art de la mise en scène de l'ombre et la lumière, comme celle qui tombe sur la jeune femme. Elle met en valeur ses avant-bras pâles dont les lignes nous ramènent vers le lait qui coule, comme le regard. De même, le jaune du corsage et le bleu du tablier sont marqués par la brillance de cette lumière en provenance de la fenêtre. En écho, sur la table, la nappe et les objets répondent à cette luminosité.
Le tableau n'est pas un portrait en soi, pourtant le personnage y tient une grande place. Il semblerait que ces traits minutieux de la jeune femme correspondent à un personnage réel, Tanneke Everpoel, servante de la famille Vermeer. Elle a peut-être servi de modèle.
Quoi qu'il en soit, au-delà de l'idée possible de la pose, le peintre a soigné la composition du tableau, de sorte qu'il dégage une grande esthétique et une émotion très forte qui n'a pas échappé aux publicitaires de la fin du XXème siècle.
La lumière, parlons-en : la fenêtre en est la seule source. Un détail entre autres : cette vitre brisée qui apporte de la subtilité aux effets d'éclairage.
Quant au clou dont nous avons déjà parlé, il semblerait que cela corresponde à un détail réaliste : un tableau ou une carte que Vermeer avait accroché à l'origine et qu'il aurait enlevé pour ne pas détourner l'attention du spectateur vers le personnage central du tableau.
En bas, à droite, on voit aussi un chauffe-pieds qui, à l'époque, était considéré comme un symbole de lascivité (état caractérisé par un mélange de paresse, de sensualité extrême et d'inclination à la luxure). Sa présence a sans doute pour but de mettre en contraste les excès d'une société avec la tempérance du modèle central du tableau.
Mais surtout, on peut remarquer juste derrière le chauffe-pied les plinthes en tuiles de Delft au bas du mur. A l'époque, elles étaient fabriquées en porcelaine de Delft, et sur le tableau, elles représentent Cupidon, le dieu de l'amour.
Il faut savoir qu'à l'époque où Vermeer peignait, se développait beaucoup la production de poterie vernissée connue sous le nom de Porcelaine de Delft. Après la chute d'Anvers en 1585, de nombreux potiers flamands s'installèrent près de Delft et lorsque l'importation de porcelaine chinoise (déjà !) menaça le commerce hollandais, les potiers se mirent à en faire de l'imitation. C'est de là que provient la célèbre porcelaine de Delft. Mais contrairement à la véritable porcelaine, celle de Delft est fabriquée à partir d'argile recouverte d'un fin vernis à sa sortie du four. On fabrique ainsi des produits pour le quotidien comme aussi des pièces originales pour orner les riches maisons hollandaises, à l'image des tuiles agrémentées de tableaux au sujet biblique ou mythologique, aussi avec des vues de Delft. Quelquefois on y voit des paysages orientaux en raison du succès de la porcelaine chinoise.
Pour en revenir au tableau de "La Laitière", on peut aussi noter la minutie des détails et le réalisme de la miche de pain. Cette minutie résulte d'un nombre infini de coups de pinceau.
Johannes Vermeer est le célèbre peintre de "La jeune fille à la perle", "La Dentelière", "La leçon de musique", "La lettre d'amour", etc... Suite à la guerre franco-hollandaise en 1672, ses revenus vont s'effondrer. Il meurt en 1675 laissant de nombreuses dettes à sa veuve.
Johannes Vermeer "La lettre d'amour"
Johannes Vermeer "La jeune fille à la perle"
(un film magnifique a été tiré de cette oeuvre)
Johannes Vermeer "La Dentelière"
article inspiré de "Tout sur l'art / panorama des mouvements et des chefs-d'oeuvre" sous la direction de Stephen Farthing / Editions Flammarion / Paris, 2010
Peinture hollandaise animée
Et pour vous cette version dessinée trouvée sur www.max2coloriages.fr que vous pouvez imprimer comme l'article.
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La laitière - Version Playmobil - par Richard Unglik
Le Rijksmuseum animé - Superbe !