Ecole Primaire Les Cèdres Quetigny

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L'orthographe à l'école primaire

L’orthographe à l’école primaire

 

 

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Pour un grand nombre de personnes, on réduit le travail d’orthographe à l’exercice de la dictée.

Orthographe et dictée sont deux mots qui fonctionnent ensemble dans la pensée commune. Pourtant c’est en grande partie faux.

 

Dans la réalité la dictée n’est qu’une petite partie de ce que représente l’orthographe (au moins la partie visible et identifiable de ce domaine scolaire). Le travail de fond est ailleurs, dans des formes variées en lien avec d’autres activités qui lui donnent un sens.

 

C’est un travail de longue haleine qui débute avec l’apprentissage de la lecture, qui se prolonge jusque dans le secondaire et qui se perfectionne encore à l’âge adulte. Si on faisait une comparaison avec l’art de la conduite automobile, les professionnels disent souvent que le permis ne fait pas un bon conducteur mais seulement un conducteur qui n’est pas dangereux sur la route. Pour faire un bon conducteur, il fait au moins dix ans de pratique avec l’expérience de situations variées et parfois difficiles.

 

La lecture, l’écriture et l’orthographe (domaines liés), c’est la même chose. La pratique liée à la réflexion sur la langue permet de mettre un sens sur le pourquoi et le comment de telle ou telle écriture. Cela donne la capacité de reproduire l’orthographe d’un mot sans faire d’erreur. L’un des dangers d’une orthographe non maîtrisée réside dans les conséquences en termes de communication et d’image de soi dans son lien aux autres (professionnel par exemple).

 

Quoi qu’on veuille, quoi qu’on pense, il faut accepter l’idée qu’écrire sans erreur orthographique ou syntaxique demande une maturité qui s’affine au fur et à mesure des années, avec l’expérience de l’écriture et de la lecture.

 

De fait, la richesse et la beauté de la langue française se combinent avec une certaine complexité grammaticale et orthographique.

 

 

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L’art d’écrire, c’est être capable de résoudre des problèmes que posent beaucoup de mots du français. C’est une démarche comparable à la logique mathématique. L’esprit doit agir avec ordre, méthode et souvent rapidité. L’enfant doit trouver les réponses à des questionnements d’écriture au travers de tout ce qu’il sait. Pour trouver ces informations absolument nécessaires, il doit chercher dans les « cases » où il a classé ce qu’il a appris.

 

Pour un enfant à l’esprit structuré, c’est une chose aisée et même très ludique.

Pour un élève en difficulté (petite ou grande), cela relève d’une mission où il doit fournir beaucoup d’efforts.

 

Prenons un exemple avec une phrase simple :

« Trois enfants jouent à chat dans la cour avec Paul, après avoir posé leur cartable près des escaliers. »

 

Premier questionnement : « Trois »

Ne pas oublier d’écrire la majuscule parce que c’est le début d’une phrase.

Pour ce même mot se pose la question du « s » à trois, non pas pour une question de pluriel mais pour une question de vocabulaire puisque dans la même famille de mots se trouvent « troisième », « troisièmement » etc…

 

Passons ensuite à « enfants ».

On constate bien sûr le « s » du pluriel puisque les enfants sont trois, mais aussi le « t » final en raison du signe distinctif de cette famille de mots avec « enfantin », « enfantillage » etc…

 

Nous arrivons à « jouent » avec son « e » muet et surtout son « ent », terminaison des verbes du premier groupe au présent quand le pronom sujet est « ils » (en l’occurrence « les enfants »).

 

Une autre difficulté pointe son nez. C’est le « à ». Ici, il porte un accent grave, signe de sa différence avec le verbe « avoir » quand on peut remplacer par « avait ». C’est une préposition qui introduit un mot ou un groupe de mots (en l’occurrence « chat »).

 

« Chat » justement pose aussi des questions d’écriture. Le « t » final rappelle que dans cette famille de mots, on trouve aussi chatte, chaton, chatière.

Vous pouvez constater que nous n’en sommes qu’au 5ème mot de cette dictée potentielle.

 

Poursuivons avec « dans la cour ». Pour simple que ce peut être, il faut savoir que ce « dans » n’est pas la « dent » et que « cour » peut aussi s’écrire « cours », « court », « courre » ou « courent ». D’où l’importance de savoir que, paradoxalement, une « cour » d’école ne prend pas de « e » à la fin même si c’est un mot féminin.

 

Continuons avec « Paul » qui est un nom propre, donc qui s’écrit avec une majuscule, même si ce n’est pas le début d’une phrase.

 

Vient ensuite « avoir posé ». Cette composition verbale  avec auxiliaire et participe passé pose la question du « é » ou du « er » final. La règle dit qu’un verbe conjugué avec un auxiliaire s’écrit dans sa forme de participe passé, donc « é » pour les verbes du 1er groupe. Avec un moyen mnémotechnique, on peut aussi expliquer qu’en utilisant un verbe du 3ème groupe (par exemple « vendre »), on utiliserait « vendu » (le participe passé) et non « vendre » (le verbe à l’infinitif). On dirait donc « avoir vendu » comme on dit « avoir posé ».

 

« Leur cartable » s’écrit complètement au singulier ou à l’inverse complètement au pluriel « leurs cartables » avec l’accord du déterminant possessif. 

 

« Près des escaliers » nous indiquent un accent grave pour « près » et un « s » du pluriel pour le nom « escaliers ».

 

Au bilan, pour des enfants, rien que sur cette phrase simple se cumule une multitude  de difficultés (au mieux des questions à résoudre). Si cette phrase se trouvait dans une dictée, on répèterait les mêmes réflexions sur un nombre conséquent de phrases.

 

En toute logique, les élèves qui maîtrisent avec rapidité cette réflexion s’en sortent souvent très bien. Pour les autres, s’ils s’accrochent au début, ils décrochent très vite à la  fin, ne pouvant plus suivre un rythme soutenu de problèmes répétés à résoudre.

 

La dictée, sous cette forme, n’est pas à elle seule une solution.

 

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Pour les enseignants, c’est la multiplication des supports de travail de l’orthographe qui permet de faire progresser les élèves.

 

Pêle-mêle, on pourrait citer la rédaction de textes courts sur des sujets variés avec vérification individuelle et collective (utilisation recommandée du dictionnaire), d’autres formes de dictées comme la dictée aux quatre coins (un texte affiché en plusieurs exemplaires dans des coins de la classe à recopier sans erreur en allant regarder plusieurs les phrases puis aller s’asseoir pour les écrire sur le cahier), des copies simples de textes sans erreur, des compléments d’explication lors de leçons de français ou de vocabulaire, des mises en comparaison de mots avec d’autres mots de la même famille (par exemple « automobile » avec tous les termes de la mobilités, puis en élargissant le sujet avec mobilier –qu’on peut déplacer- et immobilier –qu’on ne peut pas déplacer-)

 

En bref, c’est la diversité de l’approche de l’orthographe liée à beaucoup d’écriture, et de lecture qui peut permettre de faire progresser les élèves dans cette matière. C’est le même constat pour un adulte. L’écriture d’un mot nous apparaît plus facile quand on y met un sens. « Polychlorobiphényle » utilise les préfixes « poly » (plusieurs) et « chloro » (le chlore). Le « doigté » au sens d’habileté naturelle est facile à écrire quand on sait qu’à l’origine, on parle des doigts de la main.

 

L’orthographe demande donc de la réflexion, de la méthode et de la maturité. C’est pour cela qu’il faut du temps, de la patience et de l’envie.

 

Peu à peu, la contrainte s’estompe, elle peut même devenir un vrai plaisir, celui de connaître, de mettre un sens sur ce qu’on apprend. Alors, la tâche est largement simplifiée. 

 

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Pascal Marchand



27/01/2016
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