Petite histoire de la pédagogie
A propos de pédagogie
Voici un mot mis à toutes les sauces, autant adulé que honni.
Si on se réfère à la définition de dictionnaire, on obtient :
La pédagogie (du grec παιδαγωγία, direction ou éducation des enfants) désigne l'art de l'éducation. Le terme rassemble les méthodes et pratiques d'enseignement et d'éducation ainsi que toutes les qualités requises pour transmettre une connaissance, un savoir ou un savoir-faire.
Plus généralement, l'expression « Faire preuve de pédagogie » signifie l'aptitude à enseigner et à transmettre à un individu ou un groupe d'individus — de tous âges et de toutes conditions — un savoir ou une expérience par l'usage des méthodes les plus adaptées à l'audience concernée.
Le mot « pédagogie » dérive du grec παιδαγωγία, de παιδός (/'paɪdɔr/), « l'enfant », et ἄγω (/'a.gɔ/), « conduire, mener, accompagner, élever ». Dans l'Antiquité, le pédagogue était un esclave qui accompagnait l'enfant à l'école, lui portait ses affaires, mais aussi lui faisait réciter ses leçons et faire ses devoirs. « Pédagogie » est un mot remontant à 1495 d'après le dictionnaire Le Robert. L'Académie française l'admet depuis 1762.
(Extrait d'un article de Wikipédia)
Avec l’école obligatoire, laïque et gratuite par les lois de Jules Ferry au XIXème siècle, ce mot est entré dans la grande histoire de l’école contemporaine.
Au centre de la pédagogie dans l’école de la république, s’est discutée, disputée la place de l’enfant.
Longtemps il fut considéré que l’élève était semblable à un récipient vide que l’on remplissait de connaissances. Cela correspondait aux besoins nouveaux d’une société que la Révolution Industrielle avait fortement transformée. D’un temps où le travail ne requérait pas de connaissances techniques particulières se substituait une époque où, de plus en plus, l’évolution des techniques imposait des connaissances complexes et supplémentaires pour les travailleurs. L’école avait donc son rôle à jouer dans un monde en pleine et rapide évolution.
Basée surtout sur le français et les mathématiques, l’école a joué son rôle de formation des futurs adultes dans le monde professionnel. Réussir à l’école signifiait avoir un bon travail plus tard. L’enfant comme être pensant n’avait pas beaucoup de place. L’école était centrée sur la matière à enseigner, les programmes qui définissent cette matière, la précise, la hiérarchise.
Après la seconde guerre mondiale, les courants issus du mouvement Freinet reposent la question de la place de l’enfant, de l’adolescent à l’école comme dans les écoles Decroly.
Auparavant, Célestin Freinet avait pensé, élaboré, conceptualisé cette approche nouvelle (qu’il ne considérait que comme une technique) dans les camps d'internement du gouvernement de Vichy où il était prisonnier. Il pensait avant tout en termes d’organisation de travail et de coopération.
En fait cette « technique » amènera à une autre conception, une autre philosophie de l’école qui repose sur un recentrage de l’enfant comme acteur, comme sujet du système éducatif, et non simplement objet passif. On voit apparaître l’utilisation des textes des enfants, la pratique de l’imprimerie, la classe coopérative avec des décisions prises collectivement sur certains aspects de la vie de classe…
Déjà, dés le début du vingtième siècle, en Italie, Maria Montessori, médecin puis pédagogue, avait réfléchi à ces questions et, considérant que chaque individu est unique, elle avait mis en place une éducation qui a pour but de rendre plus autonome les élèves (expériences, auto-évaluation,…).
De nombreux enseignants se sont emparé de ces idées dans les villes grâce au GFEN (Groupe Français d’Education Nouvelle) dans les années 60,70 en les intégrant à des nouvelles pratiques pédagogiques. Le principe de base était de placer l’enfant au centre de la dynamique d’apprentissage pour qu’il s’approprie plus facilement les connaissances dont il a besoin. Avant le besoin de la société, il y a le besoin de l’enfant.
Lorsqu’au début des années 70, le gouvernement a mis en place des classes expérimentales pour améliorer les apprentissages fondamentaux (une trentaine de classes en France) et trouver des solutions contre l’échec scolaire, un certain nombre d’enseignants ont trouvé l’opportunité de mettre en pratique ces valeurs.
Le statut expérimental s’est achevé en 1980. De cette période riche en expérimentations, le tout sous la tutelle et l’analyse de chercheurs en pédagogie (INRP -Institut National de la recherche Pédagogique- et CRESAS - Centre de Recherche Spécialisée et de l'Adaptation Scolaire), il en résulte une multitude de vécus scolaires, des plus extrêmes (comme l’école de la rue Vitruve à Paris où pendant plusieurs années, les classes ont élaboré un projet cirque itinérant comme base du travail scolaire) à ceux qui se sont limités à des approches créatives mais plus limitées de la lecture.
Quoi que fut la variété des mises en oeuvre de pédagogie nouvelle, il reste des points communs à toutes ces écoles.
Entre beaucoup d’autres, il en ressort deux points importants :
1/ La pédagogie en groupes de niveau (qui était beaucoup pratiquée) s’est révélée complètement inefficace, augmentant même grandement l’écart entre les meilleurs élèves et les moins bons, amplifiant les déséquilibres existant. Le travail en groupes mixtes comprenant des élèves de bon niveau avec des élèves de moins bon niveau a permis à tous de progresser de manière conséquente.
2/ La pédagogie de projet s’est révélée très riche par la dynamique qu’elle produit pour les élèves, incluant de nombreuses connaissances scolaires, non pas comme un but en soi mais comme une nécessité pour faire aboutir le projet. Chaque individu y trouve son bénéfice parce que l’apprentissage est dynamique, construit collectivement et individuellement.
Cette approche éducative se retrouve maintenant dans la formation professionnelle, dans les écoles de commerce. Les projets de travail, leurs processus, sont analysés au regard des connaissances qu’ils ont nécessitées, au regard de ce qui peut être reproduit en termes de valeurs pour un autre projet.
Pédagogie de projet
Appliquée à l’école, cette approche pédagogique est un complément idéal au travail traditionnel de leçons et d’exercices.
A l’école des Cèdres, plusieurs projets ont été (et sont) élaborés sur cette base. Des projets de classes, des projets interclasses. Ce fut le cas pour le projet maquettes, pour le parlement des enfants et l’exposition sur 14-18 en ce qui concerne les CM1-CM2 l’an passé, pour le projet ville et énergie cette année. Une partie du travail sur les fêtes d'école en fin d'année utilise des valeurs de la pédagogie de projet.
Les valeurs qui sous-tendent cette approche pédagogique sont les suivantes :
1/ Un groupe d’élèves élabore un projet collectif qui nécessite plusieurs étapes et la mise en œuvre d’un certain nombre de connaissances pas toujours connues.
2/ L’objectif est d’en faire une présentation publique (spectacle, exposition, rencontres…)
3/ Aux yeux de l’enfant, apparait surtout la réalité de l’avancée du projet et le produit fini présenté au public.
4/ Aux yeux des enseignants qui encadrent le projet sont mises en lumière tous les acquis collectifs et individuels des enfants pendant le projet.
5/ Un bilan est effectué régulièrement tant au niveau de l’élaboration du projet, du processus de travail que des connaissances acquises ou à acquérir.
6/ Elaboration du projet et analyse du travail fonctionnent toujours de pair.
7/ Les connaissances acquises sont avant tout fonctionnelles, pour la nécessité du projet. L’expérience montre que ces connaissances appartiennent dans 90% des cas aux champs définis par les programmes scolaires.
8/ En lien avec le travail de classe lié aux programmes scolaires, l’élaboration du projet renforce l’acquisition des connaissances.
On peut résumer tout ceci par un schéma :
Conclusion :
L’évolution de la pédagogie dans l’école française tend à former davantage un citoyen responsable grâce aux connaissances qu’il a acquises à l’école et grâce aux actions collectives qu’il a réalisées avec ses pairs.
L’évolution du monde avec un environnement de plus en plus dégradé dans un climat loin d‘être serein renforce ce besoin. Les adultes de demain doivent être capables de penser une autre façon de considérer la vie sur notre planète. L’école et la pédagogie ont leur rôle à jouer pour cela.
Pascal Marchand
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