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Livre / "Quand sort la recluse" de Fred Vargas

Fred Vargas « Quand sort la recluse »
 
Editions de Noyelles – 2017 - 478 pages
 
 
 
 
Quand sort la recluse 02.jpg
 
 
 
 
Disons-le tout de suite, c’est un livre à la hauteur des écrits précédents de Fred Vargas. Une nouvelle affaire (des nouvelles affaires ?) à résoudre pour le commissaire Adamsberg, ce flic intuitif qui accepte de se laisser guider par les « proto-pensées » et les bulles gazeuses qui errent ou s’entrechoquent dans son esprit difficilement compréhensible.
Comme dans les autres opus de Fred Vargas, l’intrigue est soutenue par une solide culture scientifique et historique qui fait d’un possible simple récit de polar une mine d’informations digne d’une saga en plusieurs tomes.
 
 
 
 
Chaque petit détail trouve sa place dans le canevas très complexe d’un puzzle aux mille morceaux éparpillés, même les plus futiles en apparence, ceux dont on se dit qu’ils ne doivent pas avoir beaucoup d’importance. Et même s’ils n’en ont pas tous directement dans la résolution de cette énigme tourbillonnante de personnages morts ou vivants (à mourir peut-être), ils donnent une puissance ahurissante à cette histoire d’araignées recluses dont on se demande si ce sont véritablement des araignées.
 
 
 
 
L’impossible deviendrait donc possible par la force de recoupements inattendus et spectaculaires, par ce passé trouble qui rebondit à la figure telle une violente claque qui fait autant mal qu’elle raccroche au présent immédiat.
Tout au long de cette enquête improbable dont on peut même se demander si elle mérite d’être menée, le lecteur semble se perdre (avec délice il est vrai) dans le dédale d’une mission hors norme qu’une équipe de la police se donne comme si elle jouait au Cluedo. Une enquête qui n’a rien d’évident. La discorde qu’elle suscite parmi les agents de la Brigade rajoute encore le doute sur l’intérêt d’un tel travail.
 
 
 
 
Tout serait resté en l’état au départ que cela aurait paru tout à fait normal.
Effectivement tout semblait clair, à part un petit détail, pas si petit que ça d'ailleurs : l’interrogation de quelques fins limiers sur l’impossibilité d’une logique qui ferait d’un petit arachnide trouillard comme par deux un tueur en série redoutable.
Accepter d’entrer dans les errances de Jean-Baptiste Adamsberg, le célèbre commissaire des polars de Fred Vargas, c’est accepter aussi de transgresser l’ordre établi des pensées cartésiennes, de désordonner sauvagement la logique pour laisser l’instinct reconstituer d’autres histoires, celles qui amèneront à d’autres vérités, celles qui restent cachées derrière les apparences, les impressions premières qui touchent aux bouleversements des vies, les événements tus comme des renoncements de surface.
Le cartésianisme retrouve sa place, seulement à la fin.
 
 
 
 
Et parce que lecteur sait les douleurs tues, parce qu’on sait que le cheminement d’Adamsberg saura réveiller les vérités enfouies, alors on peut se laisser porter dans les douleurs du passé comme on tente des dénouer des nœuds inextricables, avec patience, parfois aussi aux limites de la désespérance.
Mais il y a toujours ces instants de lumière quand le puzzle apparaît, par intermittence tout au long du récit, puis juste avant les derniers morceaux du puzzle, quand tout devient clair.
 
 
 
 
 
Contrairement à certains polars où on découvre enfin le criminel et les raisons futiles de ses exactions, ici c’est une impression puissante qui s’en dégage. Pas une sordide histoire de fric mille fois racontée. Pas de jalousie ridicule et peu crédible, du genre de mobile qui gâcherait l’ensemble du récit. Ici, ce sont des vrais destins d’hommes et de femmes qui touchent profondément comme une blessure à soi-même, celle qui touche à la notion d’humanité toute entière.
Où est le bien ? Où est le mal ? Les lois apparaissent alors bien petites au regard du choc final comme s’il n’y avait plus de mot à ajouter, juste respirer un bon coup et se dire que ça devait finir ainsi.
 
 
 
« Quand sort la recluse » est un beau roman policier, fort et puissant comme l’histoire de ce monde terrible, des recluses d’hier aux recluses d’aujourd’hui.
 
 
 
Alors bonne lecture…
 
 
Fred-Vargas.jpg Fred Vargas


25/07/2017
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