Ecole Primaire Les Cèdres Quetigny

« Les goûters Philo

Des machines et des hommes »

De Brigitte Labbé et P.-F. Dupont-Beurier

Illustrations de Jacques Azam

Editions Milan – 2013

50 pages environ

Comme pour l’ensemble de cette collection des éditions Milan, le principe reste le même. A partir d’exemples simples de la vie quotidienne, le lecteur s’interroge sur  le sens souvent caché des relations humaines ou, pour le cas présent, de son lien aux machines.

Le but n’est pas directement d’énoncer ce qui serait « bien » ou ce qui serait « mal », mais plutôt de regarder comment tout cela fonctionne pour que chacun puisse trouver sa propre voix dans une considération juste de soi et des autres.

L’objectif est aussi de replacer la pensée humaine comme un moteur de l’action et de la transformation du monde, en prenant le temps de comprendre ce qui se trame entre les humains, sans voile et sans tabous.

Dans « Les machines et les hommes », les auteurs partent d’un constat simple comme un exemple pour l'introduction : le lien d’un enfant aux machines dans le laps de temps entre son réveil et son départ en bus pour l’école. Sans s’en rendre compte, il a utilisé 15 machines différentes (du réveil au lave-vaisselle, en passant par le réfrigérateur et son portable). A travers cet exemple très précis, on peut constater notre relation très prégnante avec le monde des machines. Elles font tellement partie de notre quotidien que nous ne nous posons même plus de questions sur leur fonctionnement  comme une évidence, une normalité de ce monde (sauf quand elles tombent en panne), pas non plus sur les conséquences de leur place quant à l’environnement, à la manière de concevoir le travail humain, à la question de la déshumanisation des relations sociales.

De plus en plus, quotidiennement, on appuie, on clique, on effleure, on presse des touches, on branche et on débranche, on tourne des clés, on visse, on dévisse et les machines travaillent pour nous.

Relier ces phénomènes nouveaux  à l’histoire des hommes permet de poser les véritables questions que cela suggère. Il ne s’agit pas de revenir au temps de la préhistoire, ni même du Moyen-âge. De toute façon, cela serait impossible. Mais, savoir que les découvertes technologiques récentes sont le résultat de centaines d’années de recherches de travail, des siècles de connaissances (qui ont complètement transformé notre monde) nous permet d’accéder à d’autres questions fondamentales :

Dans son fonctionnement, notre monde actuel serait-il devenue une machine ?

Quelle est la place de l’humanité au milieu de ses machines ?

Qu'est-ce cela change dans l'idée de la vie et de la mort, entre autres en lien aux machines qui tuent ? 

Est-ce que le machinisme et la fonctionnalité ne changent-ils pas notre façon de penser, y compris nos relations sociales ? nos relations familiales, amicales et professionnelles ? 

Est-ce que le « virus de l’efficacité » mécanique peut avoir des conséquences sur notre façon d’aimer les autres, de prendre le temps d’être avec autrui et de faire les choses tranquillement, de pouvoir prendre son temps, de penser notre relation aux autres, de rêver, d’oser essayer même si on peut se tromper ?

Quelles sont les conséquences pour notre environnement, pour la nature, pour le futur de la planète, en termes de pollution, de consommation d'énergie  ?

Sachant qu’on ne peut pas revenir en arrière (d’ailleurs en a-t-on vraiment envie ?), se poser ces questions, c’est déjà stopper le temps pour penser et voir ce qu’il est possible de faire pour envisager note univers quotidien sans aller jusqu'à le détruire.

Mettre en évidence ces questionnements pour des enfants, c’est aussi préparer l’avenir pour ces jeunes qui seront les adultes de demain.

Cet ouvrage d’une grande richesse comme ceux de cette collection  pose tous ces questionnements d’une manière ludique et simple (sans jamais être simpliste). Même les adultes peuvent y trouver des éléments de pensée très intéressants. Cela peut permettre des discussions en famille, entre amis, en classe aussi.

Un livre à découvrir absolument.

"Les Temps Modernes" - Charlie Chaplin