Histoire d'une oeuvre / "La Dame à la Licorne" - Fin XVème-Début XVIème siècle
La Dame à la Licorne
« A mon seul désir »
Fin XVème - Début XVIème siècle
Dessiné sur carton à Paris
Tissé en Flandre avec de la laine et de la soie.
3,77m sur 4,73m
Paris, Musée national du Moyen Âge (Thermes et hôtel de Cluny)
La tapisserie de la Dame à la Licorne est une tapisserie composée de six pièces de grande taille (environ
La Dame à la Licorne - Le Goût
La Dame à la Licorne - Le Toucher
La Dame à la Licorne - L'odorat
La dame à la Licorne - L'ouïe
La Dame à la Licorne - La Vue
Elle fut découverte en 1841 et fut présentée au Musée de Cluny en 1882.
En 1920, un médiéviste britannique (spécialiste du Moyen Âge) identifie 5 des 6 pièces comme la représentation des 5 sens : le toucher, le goût, l’odorat, l’ouïe et la vue.
Il restait en suspens la question de la sixième pièce, la seule qui comporte une inscription « A mon seul désir » et c’est ce nom qui a donné son titre à l’ensemble.
Que signifie donc cette main tendue vers le coffret à bijoux ? La dame se sert-elle ou range-t-elle ?
La Dame à la Licorne - A mon seul désir
Au début du XXIème siècle, les historiens Boudet et Glaenzer ont proposé une hypothèse qui semble tenir la route : les panneaux suivent la hiérarchie médiévale des cinq sens. Cela commence par les plus matériels (le toucher et le goût) et cela se poursuit jusqu’aux plus spirituels (l’odorat, l’ouïe et la vue). Le sixième panneau se trouve alors au sommet de cette progression. Il s’agirait du sixième sens : l’esprit.
Toutes les pièces s’emboitent à la perfection. La main tendue vers le coffre à bijoux signifie l’abandon des biens et des besoins matériels pour aboutir à la volonté suprême « A mon seul désir », la puissance de l’esprit dominant les cinq autres sens.
Pour ce qui est l’objet du désir, les propositions sont nombreuses. On parle de beauté de l’âme, de cœur spirituel, de désir charnel (présence de la corne, symbole de chasteté).
La Dame à la Licorne au Musée de Cluny en 2013
dans sa nouvelle mise en espace par Elisabeth Taburet-Delahaye
L’art de la tapisserie
Cela nécessite plusieurs savoir-faire.
La réalisation a lieu en trois étapes.
En premier lieu, est élaboré le modèle appelé aussi « maquette » ou « petit patron ».
En deuxième lieu, est tracé le dessin en taille réelle. Cela s’appelle le « patron ».
La troisième phase est le tissage.
Pour la Dame à la Licorne, les recherches ont attribué la réalisation des petits patrons à Jean d’Ypres, connu comme le maître d’Anne de Bretagne. C’était un peintre et un maître d’atelier qui, entre 1480 et 1508, réalisa des peintures murales, des petites patrons et des cartons pour le vitrail et la tapisserie. Il travailla aussi dans l’enluminure de manuscrits.
Enluminure sur parchemin - 1498 - Jean d'Ypres
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Article d'après les livres "D'art d'Art" de Frédéric et Marie-Isabelle Taddéi
et "Tout sur l'art - panorama des mouvements et des chefs d'oeuvres" sous la direction de Stephen Farthing
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